Où va l'Europe ???

Depuis 2013, les résultats de Canon Europe déclinent de manière irrémédiable, mais cela ne décourage pas nos « Top Managers » qui continuent d’annoncer, chaque année, un retour imminent à une croissance durable. Toujours plus fort, et sans aucun complexe, l’Europe s’est maintenant fixé un objectif, jamais atteint jusqu'ici, de 3 milliards d’euros de revenu pour 2025 !!!  Il fallait oser…

Officiellement, la stratégie de croissance de Canon Europe pour 2022 s’appuie sur les opportunités qu'offrirait la toute nouvelle division DP&S qui va remplacer, en les fusionnant, les divisions DS et PPP.

À cette occasion, les activités « Office » et « PPP » seront renommées « Workspace » et « Production » mais, ne nous méprenons pas... les supposées formidables opportunités attendues par ce changement radical d’organisation ne sont ni plus ni moins que les mêmes vieilles recettes, déjà mises en avant à l’époque de Shakespeare, et remises au goût du jour pour la circonstance :

• Le plus large catalogue produits du marché ;
• Le partage de clients et de données entre PPP et DS ;
• Les opportunités multiples offertes par le cross-selling ;
• La levée des « silos marketing » au travers une approche omnicanal ;
• etc.

C’est bien connu, ce sont dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes !  Ces concepts ne sont pas nouveaux ; ils étaient déjà la cheville ouvrière du projet de relance de Rokus Van Iperen, mais ils n’ont jamais été vraiment mis à profit, le projet Shakespeare n’ayant servi qu’à accélérer la casse sociale et la réduction des effectifs. Toutes ces pistes, sérieuses et susceptibles d’amener une réelle croissance ont été passées en pertes et profits pour préserver des intérêts particuliers dans chacune des divisions de l’entreprise. Le scénario visionnaire échafaudé par les « auteurs » de Shakespeare a finalement été achevé de sang-froid par les « acteurs » du projet ; le programme « Go Forward » ayant fini de cloisonner hermétiquement les deux Business Unit DS et PPP.

On aurait pu en rester là si M. Mitarai, grand manitou de Canon Inc. n’avait pas décidé de réunir respectivement, au sein de 4 divisions indépendantes :

• l’impression (tous formats et tous marchés confondus) ;
• l’imagerie (photo, vidéo, vidéoprotection…) ;
• le médical (scanners MRI, imagerie médicale, informatique médical…) ;
• l’industrie (écrans OLED, lithographie semiconducteurs…).

Cette décision stratégique du Groupe a contraint Canon Europe à faire marche arrière toute sur… « Go Forward » (« aller de l’avant » en français), et à réunir de nouveau DS et PPP au sein d’une même division nommée DP&S.

Côté timing, l’Europe s’est donnée 3 ans pour « casser la baraque » ; le Top Management a donc décidé de tout mettre en œuvre pour augmenter au maximum ses parts de marché et sa rentabilité, par tous les moyens et dans tous les secteurs d’activité.

L’effort attendu pour atteindre cet objectif ambitieux est partagé de façon homogène entre tous les acteurs. Le réseau indirect, est chargé de faire de la croissance et le réseau direct… de faire des économies !

A cet effet, et en complément des plans de réduction d’effectifs en cours, le Groupe compte bien booster rapidement ses réseaux indirects par tous les moyens afin de pouvoir atteindre l’objectif de 3 milliards d'euros de revenu. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’un revendeur tel que Koesio (ex-C’Pro) dépasse aujourd’hui largement la taille de Canon France et que quasiment toutes les TPE et PME de l’hexagone soient cédées, sans état d’âme, aux Fac-similé !

La première difficulté en 2022 réside dans la pénurie persistante de produits disponibles à la vente. Canon voudrait croire en une amélioration de la situation au second semestre 2022 et se prépare activement à cette éventualité.

Dans cette optique, au 1er semestre, l’entreprise va tenter de remplir ses carnets de commandes avec des contrats qu’elle ne peut pas honorer, faute de stock. Elle demandera donc à ses commerciaux de faire patienter ses clients en prolongeant les contrats en cours ou en livrant les invendus et les quelques machines encore disponibles. Selon les projections de nos fins stratèges, les livraisons devraient reprendre progressivement pour remplir les entrepôts d'ici la fin de l'été. Au second semestre, les équipes « Service » devront donc se charger de déployer, en 6 mois, l’équivalent d’un an de business !  Rien que ça !

Espérons que Kwanon, la déesse à 18 bras de la miséricorde, donnera un sérieux coup de main pour les livraisons !